Sur un plan éthymologique, le mot « transe » est de la famille de « transir », verbe dérivé du latin « transire », signifiant « partir, passer, s’écouler ». Elle peut être étudiée selon deux aspects, psychologique dans sa dimension d’état modifié de conscience, et ethnologique dans son abord social.
De façon générale, la transe peut se définir comme « un état de profonde abstraction et absorption. Au plan individuel, Lapassade en 1987, définit la transe comme un « changement qualitatif de la conscience ordinaire, de la perception de l’espace et du temps, de l’image du corps et de l’identité personnelle. Ce changement suppose une rupture, produite par une induction, au terme de laquelle le sujet entre dans un état second. » Au plan sociologique, TART en 1975, décrivait une « culture de la transe », partant du principe qu’une « culture peut-être considérée comme un groupe qui a choisi certaines potentialités humaines comme bonnes et les a developpées tandis qu’elle en a rejeté ou réprimé d’autres qu’elle considérait comme mauvaises ». La transe réfère aussi à la notion Bergsonienne de « temps des horloges » et à celle de Castadena décrivant la « réalité ordinaire ou non ordinaire ».
De par le monde aujourd’hui, les comportements de transes sont toujours nombreux. La crise de possession des adeptes du vaudou haïtien, le voyage mystique des chamans, la communication avec les dieux chez de nombreuses ethnies africaines sont des exemples parmi d’autres. Une comparaison voire même une identification est souvent établie entre la phénoménologie hypnotique occidentale et les transes, souvent religieuses, décrites par les ethnologues ou les anthropologues. Quoi qu’il en soit, et quelle que soit la définition donnée, ou le terme utilisé, l’humanité utilise depuis toujours des états « d’attention particulière » pour favoriser ou accélérer la guérison des malades. Ces états sont parfois même le seul et unique traitement administré aux malades, sous la forme d’incantations plus ou moins teintées de magie ou de pouvoir divin. Un état d’intense concentration est quant à lui toujours la clef d’une performance améliorée, et ce qu’il s’agisse de tir à l’arc, de saut en longueur ou de stratégie aux échecs … Pour finir, l’homme à de tous temps été le porte-parole d’esprits divers et variés. De la pythie grecque aux prophètes de nos religions, du guérisseur africain au chaman sibérien, du derviche tourneur au mystique extatique.
On peut sans doute dire que la transe, au sens de forme particulière de présence au monde est aussi vieille que l’homme. Remarquablement, l’étude et la description des conduites de transe par les anthropologues ont connu les mêmes avatars que l’étude et la description de l’hypnose. Les modèles pathologiques (hystérie individuelle ou collective, schizophrénie, …) ont dû être abandonnés assez rapidement. De même, les phénomènes observés sont trop variables pour pouvoir élaborer un modèle de référence, un socle commun.
Enfin, il existe de façon évidente une très forte influence culturelle, aussi bien dans les modes d’induction que dans l’expression de la transe elle-même. Dans l’idée que la transe est un état normal de l’être humain, nous écartons de notre étude toutes les situations où les transes sont induites par des procédés chimiques (yagé, datura, …) pour ne prendre en considération que celles produites naturellement par la psyché humaine dans son environnement.
Dans sa conférence sur la Transe, le Dr CADAUREILLE décrit les différentes situations amenant l’homme à utiliser cet état particulier, ainsi que les différentes formes d’expression de ces états de présence particulière au monde.